Dis, c'est quoi le travail ? [EPISODE 0]

Eh oui, vous avez aussi le droit de participer ! Et pour commencer, voici un petit feuilleton dédié à la notion de temps de travail, rédigé par Tanguy Porret. L'article abordant différents thèmes, il sera publié au fur et à mesure, alors venez voir régulièrement si la suite est arrivée !
Au sommaire :
- Notion de temps de travail au fil du temps
- Délimitation du temps de travail
- Le temps de travail au long de la vie
- Travail des femmes
- Rythme de travail
- Questions :
- Télétravail
- Travail de maison
- Revenu universel

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Le samedi 28 janvier 2017, aux Champs Libres à Rennes, a lieu une conférence sur le temps de travail. Le sujet m'intéressant fortement je décide d'y aller, en me disant que ça me ferait sans doute apprendre pas mal de choses. Et je n'ai clairement pas perdu mon temps là-bas puisque la conférence était tout à fait passionnante. Après quelques discussions avec des ami-es, je me suis dit qu'il pourrait être intéressant de résumer ce qui a pu se dire durant cette conférence. En effet, le temps de travail est au cœur des débats actuels, on veut le diminuer, l'augmenter, mais on ne se pose que rarement la question de l'histoire du temps de travail.

C'est donc avec Florian Mazel, Philippe Minard et Marc Bergère que la conférence a lieu, ils enseignent tous trois l'histoire à l'université, mais dans des périodes différentes.
Mais mettons-nous d'accord sur quelques définitions avant de commencer d'entrer dans la conférence. En effet, le mot "travail" a des significations bien différentes d'une personne à l'autre. Quand on vous dit "dans quoi tu travailles ?" on s'attend assez peu à ce que vous répondiez "je m'occupe de mes enfants", "je suis étudiant" en considérant ça comme un "travail". Et pourtant, on dit assez facilement que l'on travaille quand on étudie. Il s'agira donc ici. Il s'agira donc ici d'un travail qui produit une valeur marchande, qui est donc payé. Ainsi, les tâches domestiques ne seront pas considérées comme un travail (même si l'on y reviendra durant la conférence), les études ne seront pas considérées comme un temps de travail non plus.
De cette manière, à mon sens, on oublie une grande part de ce qui est "travail" en le réduisant à une vision capitaliste de la chose, c'est là l'une des critiques majeures que j'adresserai à la conférence. Si le fait d'étudier ne produit pas une valeur marchande sur le moment, il va sans dire que sans cela, la production serait moins forte, et donc qu'indirectement les études produisent des richesses sur le long terme. Mais là encore, le travail n'est vu que comme "producteur de richesses". Or le mot désigne plus que cela. Le travail est vu comme négatif, et étymologiquement, et il l'est, venant du latin tripalium il désigne au départ un instrument de torture puis une forme de torture. Ainsi on pourrait le lier à une activité négative, faite sous la contrainte d'une certaine manière. En ce sens, les études, bien souvent, rentrent dans cette définition, là où le travail plaisant devient un oxymore, une aberration logique. C'est en voyant ce flou sur la définition d'un mot aussi courant que "travail" la vacuité d'un débat entre deux extrêmes sur certaines notions. Si la définition du mot n'est pas admise, personne ne parle de la même chose. En ce sens, la définition même du travail est éminemment politique.
J'ajouterais que l'on parle ici principalement de la situation en France et en Europe.

Maintenant que cela est posé, nous allons pouvoir commencer à voir ce qui s’est dit dans cette conférence.

---- [A suivre] ----

Chloé Briand