ABSTENTIONNISME - [Épisode 1] POUR QUI VOTER ?

La rédaction du BIIP étant toujours ouverte aux écrivains et autres personnes qui pensent que le binôme de Newton n'est pas suffisant pour s'exprimer, voici à nouveau une série d'articles proposée par Tanguy Porret, sur le thème du vote et de l'abstentionnisme.
Bonne lecture !
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C’est un sujet qui revient souvent, d’autant plus en ces périodes électorales. Le vote. Mais, quand on parle de vote, on parle aussi souvent d’abstentionnisme. En effet, je pense que cela n’aura échappé à (presque) personne, mais nombreuxse sont celleux qui ne votent pas. Alors souvent il y a des reportages sur ces personnes, on nous les montre fainéant.e.s, souvent jeunes, iels considèrent que cela ne les concerne pas. Bref : iels ne votent pas. Alors, ça gueule. Il y a différents genres : celleux qui considèrent que c’est une insulte aux révolutionnaires, celleux qui considèrent que c’est faire le jeu du FN, celleux qui pensent qu’il s’agit là d’une génération dépolitisée. Bref, les idées fusent, les critiques sont nombreuses, mais qui dans tout ça se demande pourquoi ces gens ne votent pas ? Qui va au-delà de ces reportages ? Qui se demande ce qui cause cet abstentionnisme ?

Alors, certain.e.s l’auront peut-être compris, je fais moi-même partie de ces personnes abjectes que sont les abstentionnistes. En effet, je ne compte pas voter en mai, en juin, ou après, bien que j’en aie le droit. Mon but ici sera d’expliquer pourquoi je ne vote pas, et pourquoi je ne voterai sans doute jamais, bien qu’en soi cette affirmation soit fausse, mais on y reviendra. Pour cela, je vais revenir sur les arguments qui souvent utilisés pour défendre le vote, et j’expliquerai donc pourquoi, pour moi, ils ne tiennent pas la route.



POUR QUI VOTER ?

Commençons simplement par “pour qui je pourrais voter ?”. Je ne vais pas revenir ici sur chaque candidat, je n’expliquerai donc pas pourquoi je suis en désaccord avec Marine Le Pen, François Fillon, Emmanuel Macron, Nicolas Dupont-Aignan, François Asselinau, Jacque Cheminade, Jean Lassalle ou même Benoit Hamon. Qui reste-t-il ? Il reste Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud (donc déjà vous voyez un peu où je me situe sur l’échiquier politique).
Donc bon, Mélenchon qui est en tête au niveau des sondages sur ces trois là, pour moi c’est non. Pour commencer son programme n’a aucun sens : il ne veut rester que quelques mois le temps de créer une 6e République, mais il a tout un programme à côté. Donc il y en a au moins un des deux qui va partir à la trappe. Ensuite, le discours anti-politicien de la part d’une personne qui faisait de la politique avant que je naisse, ça passe mal. S’y additionne sa participation au gouvernement Jospin (un bon moment de gauche), sa présence pendant un moment au PS (qui délaisse un peu son côté socialiste depuis 1983), le soutien de personnes accusées de viols, de (cyber-)harcèlement, la contestation de l’islamophobie, le côté “républicain” qui défend tout de même la police, le vote obligatoire. S’ajoute à cela un léger culte de la personnalité chez la France Insoumise (les idées avant tout, mais on ne risquerait pas une alliance pour gagner des voix, on se présente au nom d’un rassemblement de partis sans consulter les autres partis sous prétexte que c’était lui la dernière fois). Je passerai outre la collusion avec la France homophobe et transphobe dans certaines interviews, ou la critique des travailleurs étrangers qui ne me rend pas plus intéressé à ses idées. Bref, pour moi ça va être compliqué, mais libre à vous.
Passons à Poutou, ça va être rapide : quel intérêt ? Je veux dire, Poutou a effectivement un programme assez correct, il est cohérent avec son programme (il est ouvrier et continue à travailler même en période électorale), mais sincèrement, Poutou a-t-il une chance de gagner ? Le veut-il lui même ? Son idée n’est-elle pas de réveiller un certain courant politique ? Les arguments sont sensiblement les mêmes pour Nathalie Arthaud, sauf qu’en plus il y a le fait qu’elle représente Lutte Ouvrière qui a quelques sorties islamophobes qui ne m’attirent pas des masses.
Bref : personne qui me convient. Donc je ne voterai pas parce que je suis en accord avec les idées de quelqu’un (encore que Poutou reste un peu dans le coin, mais on verra pourquoi il partira dans quelques temps).

Dans le prochain article, je parlerai de la rhétorique du “vote utile” ou du “vote pour le moins pire”.
[A SUIVRE]

Chloé Briand