QUESTIONS POSÉES À L'ISSUE DE LA CONFÉRENCE
Par Tanguy Porret.
TÉLÉTRAVAIL
La question porte donc sur l'avenir du télétravail, ce à quoi les historiens répondent, dans un premier temps, qu'ils ne peuvent pas prédire l'avenir, et qu'aucune science n'a la prétention de le faire.
Toutefois on observe que c'est une pratique qui se renforce de plus en plus. Mais, si elle apparaît comme plus pratique pour l'employé-e qui peut donc décider de quand iel travaille, on précise qu'elle permet un contrôle encore plus fort de ce que fait l'employé-e. En effet, on sait quand iel travaille, ce qu'iel fait exactement quand iel travaille. Ça implique donc une surveillance très forte des employé-es et un contrôle encore plus fort des managers et des patrons sur leurs employé-es. On rajoute que cela floute la différence entre temps privé et temps de travail puisque les deux se font au même endroit, là où le changement de lieu implique souvent de changer d'activité. On conclut sur l'omniprésence des portables dans les fonctions supérieures qui oblige à travailler même lorsque l'on n'est pas sur son lieu de travail.
PERSONNEL DE MAISON
On parle ici de la situation d'employé-e de maison qui serait toujours présent-e dans la maison en question. Comme pour le télétravail, la question de la différence entre temps libre et temps de travail se pose puisque la vie se fait sur le lieu de travail. De fait, le temps de travail n'est pas non plus compté, puisque, encore une fois, la vie se fait sur le lieu de travail.
On parle aussi de travail domestique. En effet, comme dit précédemment il est encore largement inégalitaire en fonction du genre, on note aussi qu'il est différent en fonction du milieu. Les milieux plus aisés seraient ainsi plus égalitaires, servant d'excuses pour dire que ce sont les banlieues qui sont sexistes. Or, on observe que ces milieux sont plus égalitaires, car ils peuvent employer du personnel pour s'occuper du travail domestique, impliquant donc une réduction des tâches à faire soi-même, et donc des inégalités entre les hommes et les femmes. Mais ce qui cause cette diminution n'est pas une idéologie égalitaire, donc dans le cas présent féministe, et donc cette excuse n'a pas lieu d'être puisque la réduction des inégalités est une conséquence heureuse, mais hasardeuse et pas une volonté.
REVENU UNIVERSEL
Puisque ce jour était la veille du second tour de la primaire de la gauche, la question devait venir. On parle ici du fait que la diminution du temps de travail risquerait de pousser à l'oisiveté et donc à l'alcoolisme (la question était bien posée comme cela).
Si l'historien qui répond admet qu'il existe une hantise de "temps vide", cette hantise n'est pas vraiment à l'ordre du jour. Le revenu universel étant très insuffisant pour survivre, puisqu'en dessous du seuil de pauvreté, il est assez improbable qu'il pousse à ne pas travailler du tout. De plus, cette crainte du temps vide est une cause possible, loin d'être directe, d'un possible alcoolisme. Mais il n'est pas nécessaire de ne pas travailler pour tomber dans l'alcoolisme. De la même manière, certaines personnes ne travaillent pas, au sens où nous l'entendons ici, sans pour autant tomber dans l'alcoolisme, ou alors le nombre d'alcooliques chez les enfants et les retraité-es serait bien plus important.
Si la question est loin d'être inutile, elle n'est toutefois pas vraiment pertinente à l'heure actuelle donc. On peut ajouter que Keynes, un économiste dont les théories ont fortement impacté les politiques du XXe siècle, déclarait déjà que l'on devrait seulement travailler 15h par semaine, on en est donc loin du compte avec les 37h que l'on fait en moyenne.
Cet article est donc maintenant terminé. Pour ceux qui voudraient aller plus loin, la conférence est disponible dans son intégralité sur Internet, plus précisément sur la chaîne Viméo des Champs Libres ainsi que les autres conférences qui ont eu lieu sur ce week-end dédié aux Travailleuses et Travailleurs.
Chloé Briand